Neuroillumination : traitement de la maladie de Parkinson

Lumière sur un avenir meilleur pour le traitement de la maladie de Parkinson.

La maladie de Parkinson est une affection neurodégénérative qui touche des millions de personnes dans le monde. Elle se caractérise par la dégénérescence progressive des neurones dopaminergiques, en particulier dans la substance noire du mésencéphale. Cette perte neuronale est due à des mécanismes tels que le dysfonctionnement mitochondrial et l’accumulation de corps de Lewy, toxique pour les neurones.

Outre la dégénérescence neuronale, le dysfonctionnement vasculaire et la rupture de la barrière hémato-encéphalique ont également été impliqués dans la pathogenèse de la maladie de Parkinson. Ces facteurs contribuent à compromettre l’efficacité du système vasculaire, ce qui aggrave encore les lésions neuronales. Les traitements actuels de la maladie de Parkinson se concentrent principalement sur la thérapie de remplacement de la dopamine et la stimulation cérébrale profonde pour soulager les symptômes moteurs. Bien que ces traitements soient efficaces à court terme sur les symptômes, ils n’ont pas d’effets modificateurs de la maladie ni d’effets neuroprotecteurs.

La photobiomodulation

Des études récentes ont mis en lumière une nouvelle approche thérapeutique prometteuse pour traiter la maladie de Parkinson : la photobiomodulation (ou neuroillumination).
Il existe deux états globaux d’activité du cerveau, l’éveil et le sommeil, qui ont différents impacts sur les fonctions cérébrales :

  • En état d’éveil, le cerveau est conscient, réceptif à l’environnement et s’occupe de fonctions exécutives telles que l’attention, la perception, la cognition et la mémoire.
  • En revanche, en état de sommeil, le cerveau est inconscient mais réactif, et se charge de nettoyer les déchets métaboliques accumulés pendant la journée.

La photobiomodulation, un type de luminothérapie, consiste à appliquer des longueurs d’onde spécifiques de lumière (le plus souvent infrarouge) sur les tissus du corps en état d’éveil ou de sommeil. La photobiomodulation peut influencer l’activité cérébrale, la connectivité fonctionnelle des réseaux cérébraux et offrir une neuroprotection.

La recherche a montré que la photobiomodulation stimule l’activité cellulaire, peut améliorer la locomotion et fournir une neuroprotection dans des modèles animaux de la maladie de Parkinson. En outre, ce traitement a permis d’atténuer les symptômes moteurs et non moteurs chez les personnes atteintes de la maladie.

Les avantages de la photobiomodulation

Ils proviendraient de deux mécanismes principaux :

  1. la stimulation directe qui cible les neurones en détresse. La lumière agirait directement sur l’activité des neurones via la conversion de l’énergie lumineuse en énergie métabolique utilisable dans le fonctionnement et la survie du neurone.
  2. la stimulation indirecte, qui influence les cellules et les molécules circulantes, qui agissent ensuite sur les neurones. Cette stimulation indirecte à l’avantage de pouvoir se faire via des appareils non invasifs où la lumière traverse le crâne et atteint les premières couches du cerveau, très vascularisées.

La lumière aurait la capacité de stimuler le « nettoyage » des déchets métaboliques et de diminuer l’inflammation présente dans le cerveau des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

La stimulation indirecte serait plus efficace pendant le sommeil, où elle stimulerait le travail de nettoyage du cerveau et améliorerait ainsi l’élimination des déchets métaboliques produits durant la journée. À l’opposé, la stimulation directe serait plus efficace en journée où ce sont les neurones qui sont en état actif.

Conclusion

La photobiomodulation représente une nouvelle approche du traitement de la maladie de Parkinson qui s’avère prometteuse pour traiter les symptômes moteurs et non moteurs. En ciblant l’activité neuronale par la stimulation lumineuse, cette thérapie a le potentiel d’offrir des avantages durables et d’améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de la maladie de Parkinson.

Adriane Guillaumin
Chercheuse postdoctoral à l’Institut des Maladies Neurodégénératives (IMN),

Université́ de Bordeaux
Membre de la Commission Veille et Information de Parkinson Vivre et Travailler

Article de vulgarisation provenant d’un article scientifique approuvé par ses pairs

Références :
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