Article rédigé par une psychologue conseil dans un service hospitalier de neurologie
DE QUOI S’AGIT-IL ?
Le stress est une réaction éprouvée face à un danger, à une menace face à laquelle l’individu doit s’adapter. Il s’agit donc d’une réaction normale et utile qui peut s’accompagner de manifestations physiques désagréables telles que des maux de ventre, palpitations, difficultés respiratoires, tensions musculaires, rougissements, transpiration,… . Lorsque le stress devient toutefois chronique ou atteint une intensité dépassant les capacités de régulation de l’individu, il devient alors délétère.
L’anxiété relève davantage d’un phénomène mental anticipatoire face à une situation menaçante qui ne s’est pas encore produite, ne se produira peut-être pas voire même jamais. Il se produit alors un enchainement de pensées et d’émotions rendant la situation redoutée particulièrement anxiogène.
QUID DU PARKINSON ?
L’arrivée d’une maladie de Parkinson est un tel bouleversement qu’elle peut évidemment s’accompagner de stress et d’anxiété. L’annonce du diagnostic, le vécu de certains symptômes, l’appréhension de l’avenir, d’éventuelles répercussions familiales, sociales, professionnelles ou parfois financières sont autant de perturbations auxquelles la personne malade ainsi que ses proches doivent faire face.
Anxiété
Tout comme la dépression, les phénomènes anxieux peuvent être à la fois une réaction psychologique au vécu de la maladie mais également une conséquence physiologique directe de la pathologie. Ils peuvent en effet être liés au déficit en dopamine ; celle-ci étant impliquée dans la régulation émotionnelle. Ils font ainsi partie des symptômes non-moteurs de la maladie et peuvent chez certains patients fluctuer avec le traitement.
Phobies
On retrouve également des phénomènes de type phobique c’est-à-dire une peur irraisonnée et excessive déclenchée par des situations ou des objets spécifiques. La personne peut reconnaître le caractère démesuré de sa peur mais ne peut la contrôler. Dans la maladie de Parkinson, il est possible de rencontrer des formes de : Phobie sociale : Elle se caractérise par une peur constante et intense de situations sociales dans lesquelles la personne risque d’être observée, jugée ou critiquée par autrui (ex : crainte du regard des autres en présence de symptômes visibles). Agoraphobie : Il ne s’agit pas de la peur de la foule mais plutôt de la peur de se retrouver dans une situation où il serait difficile de s’échapper (ex : métro, foule, grands espaces comme les supermarchés…). Phobie de la chute : C’est la peur de tomber qui survient parfois en cas de problèmes d’équilibre ou suite à une/des chutes. Phobie du OFF : les périodes OFF (= sous-dosage médicamenteux laissant réapparaitre les symptômes parkinsoniens) sont très caractéristiques de la maladie de Parkinson. Certaines personnes développent une réelle appréhension de ces phases ou de la réapparition de symptômes même à faible intensité. Ceci peut entrainer une mauvaise utilisation du traitement antiparkinsonien avec pour conséquences des effets de surdosage ou d’addiction au traitement.De manière générale, dans le cadre de la maladie de Parkinson, le stress et plus généralement les émotions intenses vont avoir tendance à augmenter momentanément les symptômes comme le tremblement. Cela ne modifie toutefois pas l’évolution de la maladie. Chez les individus anxieux, cette majoration des symptômes va augmenter davantage le stress ce qui va donc renforcer la crainte initiale d’être gêné par la maladie. Bien souvent, les individus développent alors progressivement des stratégies d’évitement de ces situations afin de réduire leur anxiété. La généralisation de cette stratégie à toutes les situations rencontrées est souvent néfaste car elle aboutit à un repli sur soi, une diminution des activités ce qui retentit inévitablement négativement sur l’humeur.L’absence de prise en charge d’un stress chronique, trop intense ou d’un trouble anxieux pérennise bien souvent les difficultés et peut entrainer une dépression.Que faire ?
Différents professionnels peuvent vous aider (psychiatre, psychologue, sophrologue, …) et vous proposer différents outils (thérapies cognitives comportementales et émotionnelles, relaxation, méditation, sophrologie, hypnose, ….).
Il est également possible de mettre en place des choses soi-même afin de favoriser le retour à un état d’apaisement. Repérez les activités qui vous font du bien (activités artistiques, musique, lecture, …). L’instauration d’une bonne hygiène de vie vous permettra également d’améliorer vos ressentis. Ainsi, la pratique d’une activité physique régulière sera vivement recommandée. Le yoga, tai-chi ou qi-gong peuvent s’avérer particulièrement intéressants. L’usage de substances (alcool, drogues) tout comme les excès alimentaires consommés à visée de régulation émotionnelle sont bien évidemment à éviter. Tournez-vous vers un professionnel en cas d’arrêt difficile afin d’être accompagné au mieux.