Parkinson et le cycle féminin

On a peu écrit sur l’effet du genre sur le développement et la gestion de la maladie de Parkinson.

En fait, dans l’édition de 1998 de Neurologic Disease In Women1, les seules références à la maladie de Parkinson étaient de l’inclure dans une section examinant les fréquences sexo-spécifiques des différentes maladies neurologiques (où il a été noté que la maladie de Parkinson survient un peu plus fréquemment chez les hommes) et dans une liste de troubles qui affectent les femmes âgées. Cependant, une attention récente a été portée sur la relation entre les niveaux d’hormones sexuelles et le développement de la maladie de Parkinson. Cet article passera en revue ces données et délimitera les questions sexo-spécifiques soulevées à différents moments du cycle de vie d’une femme.

Considérations hormonales

Les hormones stéroïdes sexuelles exercent leur effet dans tout le cerveau. Les récepteurs des œstrogènes sont présents dans la région pré-optique de l’hypothalamus, de l’amygdale, de l’hippocampe, du gyrus cingulaire, du locus coeruleus, des noyaux du raphé et de la matière grise centrale2,3 et augmentent la formation de nouvelles synapses et la formation d’épines (=synapses ?) dendritiques. La progestérone amplifie l’impact des œstrogènes sur la formation des nouvelles synapses et des épines dendritiques et modifie l’impact du retrait des œstrogènes sur le développement des récepteurs de régulation négative.4 L’œstrogène a également un effet sur la synthèse et la transmission des neurotransmetteurs. Des études liées à l’effet des œstrogènes sur la sérotonine montrent que l’induction du récepteur de la sérotonine varie avec le cycle menstruel.5

Il a également été démontré que les niveaux d’œstrogène influencent la fonction dopaminergique au sein de la substantia nigra et du striatum.6 Des études suggèrent que l’œstrogène protège les neurones dopaminergiques, supprimant la mort neuronale.7 Il semble également réguler à la baisse la catéchol-O-méthyltransférase (COMT), diminuant le métabolisme de la dopamine.8 On pense donc que les effets bénéfiques des œstrogènes pourraient expliquer les preuves épidémiologiques que les femmes présentent un risque plus faible de maladie de Parkinson par rapport aux hommes.9 Cela explique également l’augmentation de l’incidence de la maladie de Parkinson chez les femmes post-ménopausées.10

Une étude récente de Ragonese et al. ont évalué l’impact des hormones sur le développement de la maladie de Parkinson.11 La durée cumulée des grossesses, l’âge à l’apparition des premières règles, l’âge et le type de ménopause et la consommation d’œstrogènes avant et après la ménopause ont été évalués. Une relation inverse entre la durée cumulée d’exposition aux œstrogènes et le développement de la maladie de Parkinson a été trouvée. Étonnamment, la durée cumulée de grossesses était associée à un risque accru de développer la maladie de Parkinson. L’hypothèse a été émise que cela pouvait être dû à des différences dans les effets œstrogéniques de l’œstriol (l’œstrogène principal de la grossesse) et de l’œstradiol (la principale forme d’hormone circulante non enceinte), ajoutant à la complexité de la compréhension de l’effet des hormones sur la maladie.12, 13

Effet des menstruations sur la maladie de Parkinson
Grossesse et maladie de Parkinson
Ménopause et maladie de Parkinson.

Conclusion

Bien que la maladie de Parkinson survienne moins fréquemment chez les femmes et encore moins souvent chez les femmes jeunes, l’impact du genre peut être important. Les femmes jeunes doivent faire face aux effets des menstruations, de la grossesse et éventuellement de la ménopause sur leur maladie. Les données suggèrent qu’elles connaîtront des fluctuations dans le contrôle des symptômes et éventuellement une aggravation de leur maladie en lien avec l’évolution des niveaux hormonaux. La maladie de Parkinson affecte également ces événements du cycle de reproduction normal, entraînant des périodes plus douloureuses, un flux menstruel plus important et une augmentation des symptômes prémenstruels. Une consultation avant la conception est importante pour préparer les femmes à la grossesse et à la parentalité. Il n’y a actuellement pas suffisamment de données pour soutenir l’utilisation du Traitement Hormonal Substitutif chez les femmes ménopausées, bien qu’une utilisation précoce puisse avoir des effets bénéfiques. Nous espérons que des recherches supplémentaires permettront de clarifier ces questions dans un avenir proche.

REFERENCES

1. Kaplan PW, editor. Neurologic Disease in Women. New York, NY: Demos Medical Publishing, 1998.
2. Loy R, Gerlach J, McEwen BS. Autoradiographic localization of estradiol-binding neurons in the rat hippocampal formation and entorhinnal cortex. Brain Res 1988;467:245-51.
3. Hagihara K, Hirata S, Osada T, et al. Distribution of cells containing progesterone receptor mRNA in the female rat di- and telencephalon: an in situ hybridization study. Mol Brain Res 1992;14:239-49.
4. McEwen BS, Wooley CS. Estradiol and progesterone regulate neuronal structure and synaptic conductivity in adults as well as developing brain. Exp Gerontol 1994;29:431-6.
5. Biegon A, Bercovitz H, Samuel D. Serotonin receptor concentration during the estrous cycle of the rat. Brain Res 1980;187:221-5.
6. Becker JB. Direct effect of 17-Beta-estradiol on striatum sex differences in dopamine release. Synapse 1990;5:157-64.
7. Sawada H, Ibi M, Kihara T, et al. Estradiol protects dopaminergic neurons in a MPP Parkinson’s disease model. Neuropharmacology 2002;42:1056-64.
8. Tao S, Shu-Leong H, Ramaden D. Estrogen can down-regulate the human catechol-O-methlytransferase gene expression: its implication in Parkinson’s dis- ease. Mov Disord 1998;13:114.
9. Bower JH, Maragonore DM, McDonnell SK, et al. Incidence and distribution of Parkinsonism in Olmstead County, Minnesota, 1976-1990. Neurology 1999;52:1214-20.
10. Benedetti MD, Maragonore DM, Bower JH, et al. Hysterectomy, menopause and estrogen use preceding Parkinson’s disease: an exploratory case-controlled study. Mov Disord 2001;16:830-7.
11. Ragonese P, D’Amelio M, Salemi G, et al. Risk of Parkinson disease in women. Neurology 2004;62:2010-4.
12. Cole P, MacMahon B. Oestrogen fractions during early reproductive life in the etiology of breast cancer. Lancet 1969;1:604-9.
13. Melamed M, Castano E, Notides AC, et al. Molecular and kinetic basis for the mixed agonist/antagonist activity of estriol. Mol Endocrinol 1997;11:1868-78.