Le CANNABIDIOL et la Maladie de PARKINSON

‘primum non nocere’

Le Cannabidiol (CBD) est une substance contenue dans le cannabis, dépourvue des effets euphorisants, des troubles cognitifs et autres effets indésirables de l’autre composant principal, le tétrahydrocannabinol (THC).

Plusieurs études préliminaires -précliniques et cliniques – ont suggéré que ce composant pourrait avoir des effets thérapeutiques sur certains symptômes de la Maladie de Parkinson (MdP). Et comme on l’observe malheureusement souvent s’agissant de pathologies pour lesquelles l’absence d’un traitement satisfaisant crée une forte attente, ces études ont généré un enthousiasme précoce ; on a pu ainsi lire dans des revues prétendument scientifiques ou dans la presse magazine des conclusions hâtives ou recommandations injustifiées, prêtant de nombreuses vertus au CBD et prônant son intérêt pour la prise en charge de certains symptômes de la MdP.
Une analyse plus critique* des études disponibles révèle toutefois de nombreuses faiblesses : des échantillons de taille insuffisantes et pour des durées de traitement et d’observations relativement courtes ; le recours à différents modèles précliniques de MdP, les essais pour la plupart ouverts /non randomisés, …rendent impossible toute méta-analyse.

On observe également une grande diversité en terme de qualité, concentration, pureté, forme pharmaceutique…, entre les différents produits à base de CBD utilisés dans ces études ou ceux commercialement disponibles aujourd’hui ; en l’absence d’une standardisation et de contrôles adéquats de ces produits, et en attendant la disponibilité de données de tolérance/pharmacovigilance à large échelle et pour des durées suffisamment longues de traitement, il est impossible de prédire et de garantir efficacité et sécurité de l’utilisation du CBD dans la MdP.

Dans ce contexte, les législations française et européenne ont du mal à parvenir à un accord cohérent**. Rappelons que l’Epidiolex est le seul produit CBD autorisé aujourd’hui en France, pour un usage hospitalier et des indications très limitées.

En synthèse, toute recommandation serait donc à ce stade insuffisamment fondée, voire dangereuse et l’utilisation du CBD pour des patients parkinsoniens reste de ce fait sous la responsabilité seule des utilisateurs eux-mêmes…

Cette nécessaire prudence est frustrante – nous en sommes bien conscients. Les lobbys (producteurs et distributeurs des différents produits à base de GBC) orchestrent habilement la diffusion d’anecdotes et témoignages des effets “magiques” du CBD. Gardons-nous bien d’unir les voix des patients a cette cacophonie.

Des études plus larges, conçues et conduites avec méthodologie et rigueur seront nécessaires pour confirmer – nous l’espérons – de manière robuste, spécifique et durable les résultats ayant suscité l’intérêt actuel.

* voir par exemple cette publication  https://doi.org/10.3389/fphar.2020.00063
Traduction disponible

** pour un point sur la legislation; https://www.drogues.gouv.fr/actualites/cannabidiol-cbd-point-legislation